Irak


L’engagement de Promediation en Irak :

Contexte
Malgré la victoire militaire contre l’État islamique (EI) en 2017, la stabilisation de l’Irak reste fragile. Le projet d’une reconstruction durable et inclusive se heurte à de nombreux défis matériels et politiques.
Le Gouvernement fédéral, divisé et confronté à une crise budgétaire, fait face à de nombreux défis pour assurer la sécurité et des services publics fonctionnels à l’ensemble de la population. Son autorité est par ailleurs contestée par des groupes armés locaux qui ont pour certains une envergure nationale et qui bénéficient de l’aura acquise lors de la bataille contre l’EI. Des manifestations récurrentes illustrent le mécontentement et la frustration populaire, notamment dans les Gouvernorats du centre et du sud du pays. Dans le nord, la lutte d’influence entre le Gouvernement fédéral et le Gouvernement régional du Kurdistan (KRG) sur les territoires dits « disputés » nuit à la sécurité et contribue à attiser certaines tensions locales. Environ 1,2 million d’Irakiens ne peuvent ou ne souhaitent toujours pas retourner dans leur ville ou village d’origine pour des raisons de sécurité personnelle . S’ils sont nettement moins nombreux qu’en 2016 années où ils étaient évalués à 3,4 millions, la dynamique de retour a sensiblement ralenti à partir de l’été 2018.

Au défis internes auxquels l’Irak est aujourd’hui confronté s’ajoutent l’influence externe d’acteurs étatiques et non-étatiques devenus parties prenantes de la résolution des multiples crises touchant le pays. Cette influence est particulièrement sensible du fait de la position stratégique occupée par l’Irak sur la scène régionale au plan géopolitiques.
Les missions de Promediation

Depuis juillet 2019, l’action de Promediation vise à contribuer à la stabilisation dans le district du Sinjar, situé au nord-ouest de Mossoul, à la frontière syrienne. Financé par le Ministère de l’Europe et des affaires étrangères français (MEAE), le projet vise à favoriser l’émergence d’une gouvernance acceptée par les différents acteurs. Il doit contribuer à faciliter le « retour » de l’État en tant qu’institution à même de servir et protéger la population civile. En 2014, le district comptait environ 500 000 habitants essentiellement yézédis, mais aussi kurdes et arabes, chiites et sunnites, et chrétiens. L’expansion de l’EI en Irak, durant l’été 2014, a eu des conséquences dramatiques sur la population du Gouvernorat. Elle a notamment entrainé le décès ou l’asservissement de plusieurs milliers de Yézidis, et l’exil de 300 000 à 400 000 personnes.

Malgré une reprise précoce de ce district par la Coalition internationale et des infrastructures en partie habitables, le retour des habitants dans le district de Sinjar reste plus limité que dans les territoires limitrophes. Les déplacés s’abstiennent de rentrer chez eux du fait de la persistance des tensions intercommunautaires et de l’incapacité de l’État à assurer sécurité et services publics. Se pose également la question de la coexistence future entre des communautés que le conflit a divisées et opposées avec une violence extrême.

Depuis 2019, l’équipe de Promediation a rassemblé et établi des relations de confiance avec les représentants de toutes les parties et communautés. Ce réseau local est composé d’individus sélectionnés sur la base des critères suivants :
• Leur degré de représentativité relativement à leur communauté ;
• Leur acceptabilité au sein d’autres communautés du Sinjar ;
• Leur acceptation des règles en faveur d’un dialogue pleinement inclusif
• Leur capacité à influer positivement sur le processus de stabilisation

Promediation a réuni des représentants du Sinjar et des autorités fédérales et du KRG à l’occasion de « tables-rondes » à Sinuni, en décembre 2019, et à Mossoul, en février 2020, en collaboration avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). La dernière en date de ces tables-rondes s’est tenue à Dohuk en octobre 2020. Ces événements, longuement préparés par les équipes offrent aux participants l’opportunité d’échanger, dans un cadre neutre et sécurisé et avec la facilitation de Promediation, sur leurs problèmes communs et les solutions possibles. Les recommandations élaborées, relatives au cadre sécuritaire et à la résilience socio-économique, ont été présentées aux représentants des Gouvernements fédéraux et du KRG, ainsi qu’aux agences des Nations Unies concernées et aux bailleurs de la coopération internationale. Les équipes locales restent au contact des participants et plus largement de nos contacts locaux afin d’assurer un suivi et une continuité.

Promediation inscrit en effet ce travail auprès des représentants locaux du Sinjar et des institutions gouvernementales dans le long terme. Son équipe poursuivra donc les échanges, partages d’analyses et rencontres aux échelles pertinentes, en collaboration avec les Nations Unies et les autres acteurs humanitaires présents sur la zone.

Par ailleurs, ces deux années ont permis à notre équipe de tisser un réseau important d’acteurs et d’organisation et de développer une expertise. Ils sont susceptibles d’être mobilisés non seulement au Sinjar mais aussi sur l’ensemble du pays. Promediation est donc à même de se déployer sur d’autres régions ou sur des thématiques régionales.