Contribuer à la stabilisation du district de Sinjar, coordonner les réponses sécuritaires

Financement : CDCS (MEAE, France)

Entre 2019 et 2023, l’action de Promediation a concentrée son action sur le district de Sinjar, une importante voie de passage entre le nord-ouest de l’Irak et le nord-est de la Syrie, devenue une zone hautement stratégique, entre les acteurs locaux en Irak, la Turquie, le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et d’autres groupes armés. Le district a été envahi par l’État Islamique en 2014, entraînant la capture de milliers d’habitants, notamment des populations yézidies, ensuite réduites en esclavage. Malgré la reconnaissance du génocide yézidi par de nombreux gouvernements et institutions onusiennes, et une forte présence des ONG dans le district, les conditions de vie restent difficiles. Dans cette région multiethnique, les services publics restent sous-développés. Plus de 200.000 personnes vivent toujours déplacées dans la région du Kurdistan d’Irak (KR-I). 

L’insécurité s’est accrue, en raison notamment du statut non défini de la zone, dite des « territoires contestés », et de l’absence d’administration fonctionnelle, la majeure partie de l’administration du Sinjar étant en exil depuis 2017. Le processus de libération des territoires contrôlés par l’EI a permis à divers groupes armés de s’installer dans la région, dont les forces affiliées au PKK et les unités de protection des Yézidis (YPS), ainsi que les forces de mobilisation populaire (groupes paramilitaires chiites). L’escalade de l’intervention militaire turque contre le PKK dans le nord de la Syrie et en Irak, et les violentes représailles du groupe armé rendent la région incertaine, tandis que les troubles politiques à Bagdad empêchent une réponse cohérente de l’État. Enfin, une déstabilisation accrue risque d’alimenter les activités de l’EI, le groupe étant toujours actif dans les parties sud du district, le long de la frontière syro-irakienne.

Promediation a développé un programme sur la question de la gouvernance au Sinjar et la restauration d’une administration qui soit reconnue par toutes les parties comme légitime. Après avoir mené des sessions de concertation avec les acteurs locaux afin d’identifier des recommandations pour la stabilisation, Promediation a soutenu une stratégie nationale pour la stabilisation de la région. L’organisation s’est engagée dans un processus de dialogue unique avec les principales parties prenantes, à savoir les représentations politiques et armées locales, le gouvernement régional kurde et le gouvernement national, ainsi que les organes de sécurité nationaux. Malgré un environnement politique volatile, la plupart de ces parties prenantes ont accepté l’ouverture d’un processus de dialogue mais aucun intérêt convergent n’a pour l’heure encore émergé parmi une scène d’acteurs très divisés, tant au niveau local que national.Promediation a maintenu des liens avec l’ensemble de la communauté yézidie jusqu’en 2023. À la suite de consultations avec plus de 140 personnes yézidies, menées avec le soutien de l’Organisation Internationale pour les Migrations, nous avons appuyé une initiative pour la création d’un réseau officiel d’organisations de la société civile yézidie, soit l’une des principales revendications de la com-munauté, à savoir donner à une population marginalisée la capacité et l’espace nécessaires pour promouvoir ses intérêts. Ce projet est pour l’heure arrêté, en attendant de nouveaux échanges avec les autorités de Bagdad et Erbil courant 2024.