Mali

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Contexte

En janvier 2012, les premières attaques de la rébellion menée dans un premier temps par le Mouvement National pour la Libération d’Azawad (MNLA), et le coup d’Etat militaire qui a mis fin au régime de ATT à Bamako en mars 2012 ont marqué le début de la crise malienne. Le MNLA, composé en majorité de Touaregs, mais aussi d’un nombre non négligeable d’Arabes et de Songhaï du nord du Mali, a rapidement été rejoint puis dominé ou combattu, par des groupes armés classés terroristes, tel qu’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) ainsi que le groupe armé Malien Ansar Dine.

L’intervention française Serval lancée en Janvier 2013, avec le soutien de la communauté internationale et sous mandat du Conseil de Sécurité des Nations Unies, a permis de mettre un terme à l’occupation des trois régions du Nord et d’une partie de la région de Mopti par les groupes armés djihadistes. Elle a aussi favorisé le retour à l’ordre constitutionnel au Mali, ainsi que l’ouverture de négociations à Ouagadougou entre les autorités de transition maliennes et les groupes armés du nord du Mali, sous l’égide de la CEDEAO et de la médiation du président Compaoré. En Juin 2013, le MNLA, le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) et le gouvernement de transition malien ont signé l’Accord Préliminaire de Ouagadougou, ouvert ensuite à l’adhésion du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), et de la Coalition des Mouvements et Fronts Patriotiques de Résistance (CMFPR). L’accord permet notamment la mise en place d’élections durant l’été 2013 à travers tout le pays qui aboutissent à l’élection de Ibrahim Boubacar Keita à la présidence de la république malienne.

Suite au net ralentissement de la mise en œuvre de l’Accord Préliminaire de Ouagadaougou et à la débâcle de l’armée malienne à Kidal, une nouvelle phase de négociation sous une médiation internationale menée par l’Algérie s’est ouverte à Alger. Ces négociations ont permis la signature de l’accord de Paix et de Réconciliation entre le gouvernement Malien et la Plateforme le 15 mai 2015, suivie le 20 juin par la signature de la CMA à Bamako. L’Accord est composé de quatre volets : un volet politique et institutionnel ; un volet défense et sécurité, un volet développement économique, social et culturel, ainsi qu’un volet urgence, justice et questions humanitaires.

Le Gouvernement malien et les autres parties à l’Accord, Plateforme et CMA, font face à de sérieux défis concernant la mise en œuvre de l’Accord en vue de la construction d’une paix et d’une stabilité durables au Mali. Suite à la signature de l’Accord, des étapes positives ont été engagées à travers la mise en place de réunions du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) ainsi que du Comité Technique de Sécurité (CTS). Le Mali a notamment vu la mise en place de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), la création des régions de Taoudenni et de Menaka, l’adoption d’un certain nombre de lois et de décrets, ainsi que la signature d’une Entente concernant la mise en place des autorités intérimaires et le redéploiement de l’administration au nord. Cependant, alors que les populations continuent de faire face à l’insécurité, au manque de services sociaux de base et d’efforts de réconciliation dans de grandes parties du nord, d’importants obstacles demeurent au niveau institutionnel et sécuritaire. Les patrouilles mixtes, le processus de cantonnement et de DDRRR inclusif accompagné d’une réforme du secteur de la sécurité restent encore à mettre en œuvre. Des groupes armés terroristes continuent de menacer le processus de paix, attaquant régulièrement les civils, les FAMA et les forces de la Minusma et de Barkhane déployés dans le nord. Ces groupes semblent se recomposer et consolider leurs forces dans les régions de Tombouctou, Kidal, Gao et Menaka, tandis que la région de Mopti et une partie de la région de Segou ont basculé dans l’insécurité depuis début 2015. Les violences armées, actes de banditisme et actes terroristes se sont multipliés à l’encontre des représentants des autorités nationales dans le centre du pays, tandis que les violences intra- et inter-communautaires ne cessent d’augmenter, poussant les populations à se réfugier aux frontières mauritaniennes et burkinabé, et les représentants de l’Etat, les élus et les FAMA à se replier dans les centres urbains. Le centre du Mali constitue une zone charnière entre le nord et le sud du pays. Elle s’étend notamment de la frontière mauritanienne à la frontière burkinabé. Sa déstabilisation risque de menacer à terme la région du Sahel au Burkina Faso. Ces dernières évolutions mettent en lumière la fragilité persistance de l’Etat malien et le besoin d’un soutien continu pour réduire les risques de déstabilisation plus profonde au Mali et au Sahel.

Les missions de Promediation

Depuis juin 2014, avec le soutien du Ministre des Affaires Etrangère Norvégien, Promediation a mis en place un programme d’appui aux efforts de la communauté internationale visant à soutenir la construction d’une paix durable au Mali et à soutenir les efforts de stabilisation du Sahel. Les missions de Promediation visent à compléter l’action de la médiation et des partenaires internationaux, et ciblent toutes les parties au processus de paix, en particulier le Gouvernement malien, les deux coalitions de mouvements armés signataires, mais aussi les acteurs internationaux et locaux engagés dans la mise en œuvre du processus de paix. L’équipe de Promediation bénéficie pour ce faire de relations de confiance avec les responsables de toutes les parties et d’une compréhension profonde des dynamiques au niveau local, national et régional.

Depuis juin 2014, Promediation a participé à la préparation des parties aux phases de négociations, en étroite coordination avec la médiation internationale (à travers des ateliers, des réunions stratégiques, ainsi que des événements publics entre juillet 2014 et juin 2015). Promediation a aussi facilité la mise en relation du gouvernement avec les leaderships des groupes armés afin d’appuyer la désescalade des crises militaires (Anefis, Menaka). Après la signature de l’accord de paix en mai et juin 2015, Promediation a fourni aux différentes parties une expertise professionnelle, un soutien méthodologique, ainsi que des outils pour favoriser la mise sur pied d’un processus de mise en œuvre concertée de l’Accord. Des réunions régulières entre les responsables des différentes parties à l’Accord, et plus particulièrement entre les deux coalitions de groupes armés signataires ont été organisées et facilitées par Promediation afin de soutenir la mise en œuvre des premières étapes de l’Accord, en particulier les autorités intérimaires et les patrouilles mixtes. Promediation a fourni à plusieurs reprises des espaces neutres afin de faciliter le dialogue, en permettant aux trois parties ainsi qu’à la Minusma d’échanger sur les questions centrales de l’accord, comme le processus de DDR et les questions de justice. Les activités de Promediation visent aussi à favoriser un soutien à l’Accord et une meilleure inclusivité dans sa mise en œuvre, au niveau local dans le nord du pays. En janvier 2016, Promediation a ainsi organisé avec la Minusma, le PAIR (financé par l’UE), le Gouvernment malien, la CMA et la Plateforme, une réunion régionale à Tombouctou afin de permettre une concertation entre dirigeants nationaux et régionaux sur les prochaines étapes de la mise en œuvre de l’accord. Promediation a aussi travaillé à réduire les risques de déraillement du processus en alertant les acteurs nationaux et internationaux sur les risques encourus et en proposant des mesures de prévention.

Depuis 2015, un collectif d’associations de la jeunesse Peul a sollicité l’appui de Promediation pour faciliter le dialogue au sein de la communauté peule du centre du Mali, avec les communautés voisines et les autorités nationales, et aider à prévenir l’extension des violences et de l’instabilité dans les régions de Mopti et Ségou, ainsi que dans la sous-région. Promediation a ainsi facilité la tenue de réunions entre responsables peulhs, développé des relations avec les acteurs locaux, et analysé les opportunités pour les autorités nationales d’engager un dialogue à différents niveaux en complément des mesures de sécurité afin de stabiliser le centre du pays, y permettre le réengagement de l’Etat et la sécurité des populations.